60 suppressions d’emplois : le prix des renoncements de la direction du Figaro

Un CSE marathon du Figaro s’est tenu jeudi 8, vendredi 9 et lundi 12 octobre en présence de Jean-Luc Breysse, directeur général adjoint du groupe Figaro, Anne Pican, éditrice, Olivier Léaurant, Loïc Chaslin et Marie Dubern de la DRH, Bertrand Gié, directeur du pôle news. La direction avait mobilisé large pour présenter les conséquences sociales du plan d’économie envisagé depuis le mois de juillet dans le contexte difficile provoqué par la pandémie de la Covid-19. Alexis Brézet, à la demande des élus du CSE, a participé, pour sa part, à la réunion de lundi.
En préambule, les syndicats ont exigé que la direction renonce à toute procédure de licenciement en cours car un cas concernant un CDI et d’autres touchant des pigistes nous avaient été signalés. Olivier Léaurant a affirmé que toutes les procédures en cours ou envisagées étaient suspendues pendant la durée du plan et qu’aucune procédure concernant les pigistes n’était entamée. « Pour les pigistes, soit ils font des piges soit ils sont en activité partielle avec compensation totale de la perte de revenus liée à une baisse du nombre de piges ». Nous avons pris acte de cet engagement.
Pour le reste, les informations communiquées par la direction ne peuvent que nous inquiéter quant à l’avenir de nos publications, qu’elles soient web ou print. Le choix de la direction est de procéder à des baisses d’effectifs tant chez les cadres et les employés que chez les journalistes, sans présenter de réorganisation permettant la poursuite de nos activités et de nous préparer à une reprise du marché.
Pour le service Sport, le projet prévoit la suppression de 3 postes (1 chef de service et 2 journalistes). Concernant l’organisation, la direction prévoit la suppression de la tranche horaire du matin dédiée aux flashs. Ainsi, selon elle, les journalistes restants pourront « se dégager du temps », pour rédiger des articles plus anglés à destination du premium. Mais elle a été incapable de nous expliquer comment les 8 journalistes restants vont pouvoir y parvenir tout en alimentant une page sur « Le Figaro » quotidien et un site d’actualités sportives 13 heures par jour, 7 jours sur 7 et 365 jours par an.
Les services Culture seraient réorganisés. « Le Figaroscope » est devenu un 4e cahier du « Figaro » le mercredi depuis le 15 septembre. Le service Web Culture accueillerait le poste du journaliste Télévision et 2 journalistes du Scope intègrerait le service Culture Print. 3 postes seraient supprimés.
Le service Style/Art de Vivre/Auto/Gastronomie passerait de 12 à 10 journalistes. Un poste d’édition Print serait supprimé tandis que le poste d’édition Web serait transféré au 2e étage.
Pour ce que la direction présente comme le pôle SR/Correction/Photo/Direction artistique du Figaro quotidien, nous passerions de 48 à 43 personnes. Seraient supprimés un poste de photographe, deux « journalistes images », un responsable du service, un SR et un premier SR mais le service Correction serait renforcé d’un poste, les papiers purs Premium seraient inclus dans la charge de travail. Toute l’édition Web faite par le SR serait transférée au service Édition Web du 2e étage.
La direction prévoit de regrouper les services Syndication et Documentation, sans expliquer les convergences possibles entre les deux services ; si ce n’est que la gestion des plannings de ces services peut être gérée par une seule tête ! L’activité de la syndication serait alors ventilée à la découpe, tantôt au service partenariat du web pour les contrats, tantôt aux services Photos pour l’enrichissement des mots-clés ou externalisée pour la revente des photos à l’extérieur. C’est se méprendre sur la complexité et la singularité de ces activités. Nous passerions de 12 à 8 postes, avec la suppression de 4 postes dont un responsable de service et un responsable de la facturation.
Pour la réalisation des Magazines, nous passerions de 11 à 8 postes. Nous perdrions un poste de maquettiste, un poste de SR/révision et un poste de chef d’édition planning. Rappelons que ce service a vu sa charge de travail augmenter considérablement ces derniers mois, de nouvelles publications leur ayant été confiées comme le « F » et « Le Figaro Santé ». Comment continuer à assurer une qualité de service en augmentant la charge de travail et en diminuant les effectifs ? « En étalant la copie », répond la direction. Une formule magique qu’elle nous répète depuis des années à propos de toutes les publications mais dont nous connaissons tous les limites.
Pour le service Diffusion, La direction a décidé de supprimer l’ensemble du service. Les postes des sept inspecteurs des ventes, c’est-à-dire les personnes chargées d’être au plus près des diffuseurs et points de ventes pour adapter l’offre à la demande, seraient sous-traités ainsi que les fonctions de réglages. Inutile de dire que cette décision ne fera qu’accentuer la baisse de nos ventes en kiosque. 3 postes devraient être transférés à la direction industrielle (supervision d’inspection des ventes et de réglage) et 3 postes vers le Marketing client (Étude. Librairie). En tout 8 postes sur les 14 du service seraient supprimés.
Le service Abonnements Marketing clients (actuellement 29 postes) serait réorganisé en 4 secteurs : Abonnement Print (6 postes dont 2 de PFE), Abonnements Web (11 postes), Relations Lecteurs (12 postes dont 2 de PFE) et Marketing digital (7 postes). 3 salariés de la Diffusion y seraient transférés ainsi que des salariés du Marketing des Nouveaux Médias. Ce nouveau pôle compterait 36 salariés.
Au niveau de la direction industrielle, les services des Achats papier et Généraux seraient fusionnés et perdraient deux postes. La direction estime que la baisse de commandes de papier et la sous-traitance de la gestion de la flotte automobile à des loueurs doivent le permettre.
Au service Prépresse, la direction affirme que 4 postes pourraient être supprimés (2 au Trafic et 2 au Prépresse). Elle explique cette décision par la baisse des paginations et la sous-traitance de « Propriétés Le Figaro », alors que cela aura nécessairement un impact sur la qualité et la capacité de traitement.
Au service Fabrication, la direction prévoit 4 suppressions de postes dont 1 au quotidien. Les services hebdo et opérations spéciales seraient fusionnés, la baisse des volumes expliquerait cette mesure.
Au niveau de la logistique et du portage, le projet indique la suppression d’un poste à la logistique sans préciser où celui-ci se situerait, Haussmann ou Tremblay. 3 postes issus de la Diffusion (supervision Inspection et réglages) seraient intégrés dans ce service.
Pour « TV Magazine », la direction a prévu d’appliquer le même traitement que pour la diffusion : les services SR/Maquette et imagerie seraient sous-traités. Sur les 8 personnes de ses services, seuls les postes du responsable et de son adjoint seraient conservés.
Le poste à la correction est également conservé. Les 5 autres seraient supprimés.
Le service communication serait lui amputé de 2 postes.
Concernant les pigistes, les organisations syndicales ont demandé une information rapide des projets de la direction. Car derrière la suppression de 24 postes de journalistes se cache aussi la fin de la collaboration de plusieurs dizaines de pigistes. Anne Pican a refusé d’annoncer le nombre de pigistes qui seront touchés. Mais les estimations que nous pouvons faire par rapport aux économies escomptées nous font craindre le pire.
Ce plan prévoit donc 45 suppressions de postes « ciblées » à laquelle la direction propose d’ajouter 15 postes sous la forme de départs volontaires.
Nous, représentants syndicaux, venons de toutes les publications web ou print du Figaro. Nous  sommes cadres, employés ou journalistes. Inutiles de vous dire que ces mesures ne nous paraissent pas susceptibles de redresser la situation de notre entreprise. Nous pouvons nous féliciter du recrutement de 12 journalistes au web et de 5 développeurs. Les équipes du Web sont déjà submergées de travail, mais ces recrutements visent surtout à renforcer la production de contenus web durant le week-end.
Signe supplémentaire d’inquiétude, nous avons ressenti lors de nos échanges, au mieux une méconnaissance, au pire un mépris de secteurs entiers des rédactions.
Enfin un élément est central dans le plan présenté par la direction : il suppose que le logiciel Verso soit capable de communiquer avec Eidos et qu’il permette réellement de faciliter la réalisation des nouvelles tâches demandées à tous les journalistes. Si Verso satisfait les premiers besoins de saisie pour le web, nous attendons depuis de nombreux mois cette compatibilité avec le print. Sans cette convergence des outils tant annoncée (et tant repoussée), les projets de réorganisation présentés par la direction ne sont pas envisageables.
Ce projet est un vaste plan de renoncements qui n’offre aucune perspective d’avenir pour les salariés du Figaro, alors que la situation actuelle devrait pousser la direction à tout faire pour remobiliser ses salariés afin de faire face aux défis qui nous attendent.
Vous trouverez en pièce jointe l’intervention que l’intersyndicale du Figaro a faite au conseil de surveillance du Figaro lundi après-midi pour alerter notamment l’actionnaire sur les faiblesses du plan présenté.
Nous organisons mercredi 14 octobre à 15 heures une visio-conférence Zoom à laquelle vous êtes tous conviés, nous vous transmettrons les liens de connexion dans un prochain mail.

Vos élus et vos délégués syndicaux

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